samedi 28 août 2021

Chronique : T'as vrillé


 
Autrice : Joanne Richoux

Editions : Actes Sud Junior

Nombre de pages : 64 pages

Date de sortie : mai 2021

Prix : 9,80 euros

Résumé :


"
Danaël, dix-sept ans, cheveux longs, peau ravagée, jean large, pompes défoncées, se morfond dans sa cambrousse brumeuse, où c’est l’hiver dix mois sur douze et où les silos à grains ont des airs de fusées. Sa rencontre avec Florine, gothique, insaisissable, le bouleverse. D’abord vue de loin et puis un rapprochement décisif le jour d’une colle. Échange d’écouteurs. Une chanson de Nirvana. Connexion. Illumination. C’est l’histoire d’un aveuglement et d’une désillusion. Danaël se fait des films dans sa tête et vrille quand il comprend que ses sentiments sont à sens unique. Il est prêt à tout pour posséder Florine."






Mon avis :

Tout d'abord, un grand merci aux éditions Acte Sud Junior et à Joanne Richoux pour m'avoir permis de découvrir son nouveau cocktail d'encre et de papier explosif ! Encore une fois, elle nous offre une histoire ingénieuse aux phrases ravageuses qui rentrent sans frapper à la porte de notre coeur : irruption fracassante, les battements s'accélèrent, tout devient plus tangible, notre perception s'aiguise ; bien plus que de l'oxygène, c'est un souffle de vie qu'elle nous transmet !



Première histoire que je découvre de la collection D'une seule voix et la déception n'a pas eu besoin de sortir des ténèbres ! Après, peut-être ne suis-je plus tout à fait censée lorsqu'on parle de Dame Richoux et de ses histoires qui remuent… 


T'as vrillé, c'est le récit de Danaël, ce personnage qui a l'encre pour chair, les mots pour esprit, notre imagination pour lieu de vie. Il nous raconte son amour pour Florine qui est né sur une chanson de Nirvana, un jour de colle, chacun un écouteur vissé à une oreille différente, mais relié par un même fil. Florine au look gothique qui détonne tel un obus dans le lycée, puis sur la planète Danaël. Ce dernier va l'aimer au-dessus et en-dessous de tout, jusqu'à l'obsession, en refusant de croire que ses sentiments ne soient pas partagés, que ce qu'ils sont, que ce qu'ils ont vécu, que ce qu'ils vivent avec Florine ne peut relever d'une simple balade, de l'activité hebdomadaire du dimanche après-midi pour tromper l'ennui. 


« Est-ce que j’ai peur de souffrir ? Non, pas

de tes mains, Florine. Je suis ton serviteur,

ton esclave. Ton canard, ton pigeon,

chaque foutu oiseau qui s’enhardit 

à planer dans notre foutu ciel couleur

boue. « Notre » ciel, ça me réjouit

de le partager avec toi, savoir que t’es en

dessous. Tu entends, Florine ? Fais de moi

ce que tu veux, je m’en branle. »



Un texte court mais pas des moins marquants au cours duquel de nombreux thèmes se télescopent ou se succèdent (souligner pour ne pas être spoilé) : adolescence, scarification, violence psychologique et physique, séquestration, sexe, première fois, environnement, nature, écologie, cirque, maltraitance des animaux,… 


Une écriture à la fois poétique, crue et incisive, qui nous plonge directement au côté d'un adolescent tombant pour la première fois dans la marmite de l'amour jusqu'à s'en enivrer d'effluves toxiques. On comprend ce qu'il vit, ses émotions et ses sentiments, mais cela n'empêche pas le frisson intense qui nous parcourt, ce cri muet – NON – IMPOSSIBLE - lorsqu'on réalise, ou pas, jusqu'où est prêt à aller, va Danaël… 


Avant que ces mots surgissent et qu'un ordre s'installe de manière douillette ou du moins à peu près stable, le besoin de relire T'as vrillé a fait son nid dans les poumons ; d'où sort cette punaise de difficulté pour reprendre sa respiration (qui fait des caprices depuis la rencontre avec la plume de Dame Richoux) ?! 


Première lecture qui se dégomme, emportée par un tourbillon de mots, de sensations et d'émotions. Deuxième lecture plus posée, mais cela n'empêche point la collision, la redécouverte du texte et de ses phrases qui font cogiter, qui restent dans la tranchée…


Un style qui remplace le cinéma : les scènes s'invitent dans notre tête, les images chevauchent les phrases, mieux qu'une séance 4D de garantie. La pluie s'entendait par les gouttes toquant à la fenêtre, l'odeur de paille et de verdure donnaient envie d'atchoumer, ce qui aurait pu faire peur, déguerpir ou envoler cette mélasse de grisaille agrippée au ciel de Danaël… Envie de se noyer de ces odeurs… d'éprouver… d'entendre… de sentir… de goûter… Mais pas besoin de voir car l'histoire se déroule déjà devant nos yeux, comme si elle arrivait à se brancher à notre imaginaire : canal neurones.


Mots qui empoignent directement le coeur. 
Apnée.
Touché - Coulé. 
Coeur harponné, coeur compressé. 
Gorgé nouée. 
Frisson - celui qui part de la nuque pour aller se loger aux confins des orteils. 


Une écriture qui rassasie - en même temps, on en demande encore et encore. Une plume oxygène. Comment vivais-je, il y a une heure, il y a quelques minutes, avant d'avoir découvert ces lignes, ces phrases de vie qui martèlent mes tempes ? On lit, puis on relit et on relit pour graver graver graver tous ces mots si bien ordonnés, qui font mouche, qui font comprendre la définition même de « sens ». 


Magnifique : à chaque relecture, impression de découvrir ce qu'il se joue pour la première fois, un nouveau sens apparait, des émotions rejaillissent tandis que d'autres poussent leur premier cri. Rien de plus fabuleux. Comme un éclair dans la nuit qu'on aimerait capturer. Insaisissable. 


Merci Joanne d'écrire, de partager tout ça avec nous, d'être toi !



Une claque !



 

« Ça m’a tué.

L’idée qu’elle se fasse du mal.

L’univers s’en charge assez, non ?

Ça doit être relou de guérir

en permanence. »

 



mercredi 11 août 2021

Quelques BD en pagaille !

  



Coucou ^-^


C'est parti pour vous présenter quelques bandes dessinées lues depuis janvier 2021. J'ai encore fait mumuse avec Canva, rien de fifou, mais c'est amusant à faire ! Puis ça évite à l'enfant de mettre de la peinture de partout, ses habits et son visage restent propres, on valide ce passe-temps ?! Les barbouillis restent sur l'ordinateur, un meilleur deal ? A voir si les résultats ne donnent pas un infarctus aux yeux... Oubliez pas d'enlever vos lunettes - lentilles, votre assurance santé me remercia à coup sûr ihihi (on dirait le rire d'une p'tite souris espiègle, tout va bien pour vous sinon ?) !





On commence avec de la douceur et de l'amour, en n'oubliant pas la mélancolie et la tristesse qui osent parfois s'infiltrer dans les failles de la vie... 

Bienvenue à Les jours sucrés d'Anne Montel et de Loïc Clément. Les magnifiques dessins remplis de couleurs se marient avec douceur (et pas qu'à cause des gâteaux), punch et brio au texte poétique ! Les personnages sont attachants, même l'héroïne avec son p'tit caractère (de cochon frustré), mais derrière son air grognon se cache une jeune femme généreuse, drôle et sympa ! Elle se trouve dans une période charnière, entre une situation professionnelle aussi intense que des montagnes russes et un retour à ses terres d'origine, peu voulu au départ, qui va lui permettre de lever le voile sur certaines zones d'ombre de son passé... 

Une BD qui met du baume au coeur, en comptant aussi une mamie au top du top, un adorable personnage masculin drôle, doux et patient, sans oublier les chats taquins ! Une histoire que je ne manquerai pas de redécouvrir avec grand plaisir !


Jeannot, de Loïc Clément (et oui, encore lui, mais quand on aime, on ne compte pas ihi !) et de Carole Maurel, met en scène un papy solitaire, grincheux et parfois pas très gentil, mais l'on découvre au fil des pages ce qui l'a amené à adopter un tel comportement et qu'un tendre coeur se cache derrière cette barbe bougonneuse. 

Une histoire émouvante qui aborde des thèmes forts (perte d'être(s) cher(s), solitude, deuil, amour,...) dans laquelle on retrouve les adorables personnages de la BD Chaussette (cet immense coup de coeur) ! Jeannot transmet donc des émotions et des sentiments palpitants tour à tour de douceur, de nostalgie, de tristesse et de joie grâce à une belle écriture qui se mélange avec brio aux splendides dessins !


Le Cercle du Dragon-Thé, de Katie O'Neill, est un beau récit rempli d'images aussi douces que belles, à la hauteur des mots et des personnages qui sont géniaux à découvrir ! Les valeurs véhiculées font chaud au coeur : amitié, patience, diversité, persévérance, courage,... Le tout arrosé de bienveillance et de respect, y'a rien de meilleur ! Petit clin d'oeil d'amour aux dragons thés et hâte d'en découvrir encore plus sur l'univers avec la suite ! 






C'est parti pour débuter cette catégorie avec un sujet important : les relations toxiques que l'on retrouve dans Mes ruptures avec Laura Dean de Rosemary Valero O'Connell et de Mariko Tamaki. Ok, je crois qu'il s'agit d'un roman graphique, mais bref, parlons-en quand même ! Ce titre porte donc sur Freddy qui sort avec la populaire et pétillante Lara Jean, mais cette dernière n'hésite pas à rompre avec Freddy quand ça l'arrange, à passer du temps avec elle ou nan quand madame Lara le décide... Pas une relation saine, mais Freddy est amoureuse et n'arrive pas à se détacher complètement de sa petite amie malsaine. J'ai trouvé que ce thème de relation toxique était très bien abordé, tout comme les émotions et les sentiments de Freddy qui sont retranscris avec justesse, même s'il est difficile de s'attacher à cette héroïne qui laisse tomber ses ami(e)s, se replie sur elle-même,... Elle est tellement obnubilée par sa relation avec Lara Jean que le reste passe à côté, du coup, des moments clés sont un peu survolés comme ce qui arrive à sa meilleure amie, ce qui est dommage car c'est aussi important qu'intéressant ! 

Une lecture que je recommande tout de même car le sujet central est bien traité, puis le choix des couleurs est original (noir, blanc et rose !) avec des dessins agréables à regarder ! 


Envie d'une bande dessinée qui explore la féminité et bien d'autres thèmes au côté d'une héroïne attachante et toute curieuse du monde qui l'entoure et des terres qu'elle ne peut voir ? Géante : Histoire de celle qui parcourut le monde à la recherche de la liberté, de Jean-Christophe Deveney et Núria Tamarit, est faite pour vous ! On suit Céleste, une géante qui va partir à l'aventure, à la découverte du monde et d'elle-même, de son identité, de son corps, de ses envies, de ses désirs, de la liberté en se déliant de son cocon familiale ! Une émancipation féminine retranscrite au travers d'un texte poétique et de beaux dessins colorés. On nous offre un parcours inspirant, même si j'aurais aimé l'approfondissement de quelques passages, que certaines idées soient plus poussées.


Le premier tome de La rose écarlate : Je savais que je te rencontrerais, de Patricia Lyfoung, m'a été offert y'a un p'tit moment par ma miss (alias Miss Nana ;) et je ne sais pas pourquoi j'ai oublié cette BD dans ma pal car : je l'ai lue rapidement et en plus l'histoire était plutôt sympa, même si la maladresse teintée d'une certaine naïveté de l'héroïne faisait lever les yeux au ciel... C'est chouette d'avoir un protagoniste féminin courageux et positif qui va jusqu'au bout pour défendre ce qu'elle aime et ses valeurs, mais voilà, faut toujours qu'il y ait un p'tit coté naïf, maladroit, langue (trop ?) pendue pour offrir un côté drôle et attendrissant, surtout en face d'un personnage masculin (le futur amoureux comme par hasard) fort et intelligent qui va aider (sauver) l'héroïne car voilà, elle est forte aussi, mais bon, ce serait trop puissant ? et / ou pas fun ? qu'elle arrive à se débrouiller toute seule ? Après, ici, le personnage féminin aide - sauve aussi son futur fiancé le gars, mais bref, j'pense que vous avez compris le point qui me chiffonne, ce sentiment de condescendance qu'on peut souvent apercevoir et / ou ressentir pour un personnage féminin habile qui dégaine l'épée plus vite que ses homologues masculins (et l'époque ne doit pas toujours justifier cette attitude, car de manière générale on peut facilement (snif) retrouver ce schéma-là)... 

Sinon, si l'occasion se présente, j'essaierai de lire les tomes suivants car l'intrigue titille la curiosité !





Cet article se termine avec cette série féminine et musclée qui déchire : Erika et les princes en détresse de Yatuu ! TOUT EST UN COUP DE COEUR : le texte, l'humour, les références, les messages passés, les couleurs, les illustrations, les personnages (omg, qu'est-ce qu'ils sont géniaux !!!) et chapeau sur la marmite : le deuxième tome s'est révélé encore meilleur que le premier (déjà fort en chocolat chouette) ! Si c'est pas du génie tout ça... L'autrice remanie avec brio les stéréotypes et clichés sexistes qui batifolent dans notre société dans la joie et la bonne humeur, on va leur foutre une raclée comme sait si bien le faire Erika et biiiim à travers une intrigue palpitante, des aventures aussi drôles que prenantes à suivre, puis aux côtés de fabuleux personnages (quand on aime, on ne se lasse pas d'en remettre une couche, c'est comme le caramel beurre salé miam de fondu sur une crêpe, plus y'en a, mieux on se régale porte ihi) !

Le site internet de Yatu : Yatuu - Blog BD : Yatuu ! Puis si jamais je ne suis pas arrivée à vous convaincre (ce qui est peu probable, avouons-le voyoooons), voici un autre avis, celui pas très enjoué de l'adorable Mathilde ici !



Terminus ! Tout le monde descend ! A vous de me conseiller vos derniers coups de coeur BD, allez et que ça saute ! (Ça va je rigoooole, vous offusquez pas les poussins, vous pouvez prendre le temmmmps, ce serait bête de tomber du nid tête la première sans avoir appris à déplier ses ailes oupsi :3) 

N'hésitez pas à me dire si certains de ces titres vous ont plu ou non !

Bisoussssss miaouuuuu