Nombre de pages : 480 pages
Date de sortie : février 2020
Gésill ne dort plus depuis qu'il est mort.
Assassiné puis ramené à la vie par les Funestrelles, des brigands sans scrupules qui voudraient le voir reprendre son trône, l'ancien roi Gésill n'a plus goût à rien.
Son sang vert, autrefois seule source de végétation de la Rocaille, s'est tari. Il pourrit. Seul un représentant des Magistres, ces êtres mythiques exterminés par les ancêtres de Gésill, pourrait y remédier.
Aussi, lorsque les Funestrelles, accompagnés du défunt, se mettent en quête de trouver un jeune homme qu'on dit leur dernier descendant, ils sont loin d'imaginer que leur découverte ébranlera toutes leurs certitudes. Sur la Rocaille comme sur eux-mêmes.
#ISBN9782490700035
Mon avis :
Vous avez vu cette couverture de la mort qui tue (on commence fort en chocolat ! par ici, j'aime instaurer direct une ambiance qui sent bon le camembert (oupsi ça pue un peu ça, nan ?)) ?!! (En vrai, elle me faisait peur au début #hellobabygirl)
On peut remercier les éditions Sillex pour ce magnifique ouvrage (qui ne joue absolument pas au playboy dans la bibliothèque) ! Pour dire deux mots (ou phrases (si vous prenez tout au premier degré aussi roh) ça permettra de développer un mInImUm) sur cette maison d'édition, sachez qu'elle fonctionne à la manière d'un projet lancé sur Ulule, c'est-à-dire grâce à un financement participatif. Pourquoi, me demanderiez-vous ? Une de leur volonté phare est de mieux rémunérer les auteur(e)s qu'ils publient, ils ont donc choisi cette méthode en plus de ne pas passer par d'autres acteurs du monde du livre (diffuseur, libraire, etc.). Si vous voulez en savoir plus, n'hésitez pas à aller faire un tour sur leur site ici !
Rocaille... Vous voyez les îles paradisiaques avec de l'eau turquoise transparente, des p'tits animaux choupis de toutes les couleurs, la végétation qui se croit dans un défilé de mode signé Louis Vuitton, des fruits qui dansent à gogo, le Soleil qui fait délicieusement crépiter la peau en lui offrant un bronzage couleur miel sapin ? Sortez-vous tout ça de la tête car Rocaille, c'est tout l'inverse : une terre aussi aride qu'un saucisson datant de l'époque de César, une végétation aussi sèche que ma peau ne recevant pas sa crème du jour (odeur fleur de coton, et vui les ami(e)s, rien que cela), un temps qui alterne entre une grêle qui vous envoie prendre le thé chez la faucheuse, un vent qui s'imagine dans une course de rallye à frôler les 300 km/h, une pluie qui vous fait économiser une douche (un semblant de positif qui se fane plus vite qu'un éclair (dans le ciel, pas au café pardi ! Bande de gourmands, va) lorsque vous tombez malade juste après) ou une brume qui s'amuse à rivaliser avec la nuit ou à déprimer le plus de monde possible... Il doit juste y avoir les moustiques qui vivent leur meilleure vie dans ces lieux sérieux...
Alors, partant pour terminer vos vacances dans cet univers admirablement accueillant ? En vrai, si vous avez une invitation au palais royal, ce sera option île de rêve comme décrite au début, sinon... ce sera la seconde description qui entrera en vigueur...
Dans ce monde où l'on préfère s'exiler en Antarctique que d'y séjourner, que se passe-t-il alors ? Grésil, roi descendant de la lignée du sang vert (un sang magique qui permet de produire des fruits, des légumes, toutes sortes de végétations afin de remplir les bidons des gens de la cour et de la population), a été assassiné (par qui ? Mystère...), puis ramené à la vie par les Funestrelles (médaille d’or des bandits du royaume) mandatés (par qui ? Mystère...) pour accomplir cette résurrection et l’aider à reposer ses miches sur le trône. Pour réaliser cette deuxième mission, le roi va avoir besoin d’un magistre (un clone de Merlin si l'on fait simple), mais c’est ballot car les magistres ont tous été massacrés il y a quelques siècles par un des ancêtres (fou et avide de pouvoir, de contrôle et d’un royaume plus luxuriant (ce qui n’a pas eu l’air de bien fonctionner entre nous)) de Grésil. Notre roi mort revenu à la vie semble avoir de la chance car sa route va décidément croiser celle d’un magistre (askip le dernier vivant), et boum bada boum, l’aventure a allumé les gaz !
On rencontre de nombreux personnages différents, mais ils révèlent presque tous un aspect peu avenant (comme en miroir de leur rude univers qu'est la Rocaille). Chez les Funestrelles, hargne, violence et langage grossier s'entremêlent comme les légumes s'embrassent avec bonheur dans une ratatouille ; tandis qu'à la cour, hypocrisie, complots et manipulations se font de courtoises (LOL) révérences.
En même temps que les premières pages défilaient, je n'ai guère trouvé de difficulté à m'attacher aux personnages (sauf les pas gentils qui sont donnés à manger à Calcifer (vive les Ghibli <3)) dont j'étais curieuse de connaître leur passé ou leur personnalité ! Mais au fil de l'histoire, s'est progressivement installée une distance picorée d'une légère irritation... L'attitude de certains m'a énervée, voire même déçue (coucou monseigneur le roi et dame Iliane) : des défauts se sont creusés, des traits de caractère ont manqué d'être sondés... Cependant, même si des adultes se sont pris pour des enfants capricieux et que l'affection portée (par moi pour les personnages ; je m'assure de ne pas vous perdre en route aha) barbotait un seul pied dans l'eau, les personnages sont restés intéressants : de belles ébauches sont exposées, qui se révèlent originales à l'image de la Rocaille !
Pour rentrer dans le concret, j'ai éprouvé une grande tendresse pour Fauchon (même si le coeur était souvent serré au vu de la manière dont la plupart (pas tous heureusement, mais tout de même...) des autres personnages le traitaient). Le frère et la soeur du roi étaient prometteurs, dommage de ne pas les avoir vu plus souvent (même si la situation du frère est peu reluisante durant les 3/4 du livre hum). Après, c'est normal d'avoir des personnages secondaires (lot de consolation bonsoir)... En revanche, Ardan a été le dindon de la farce : on l'attend, on l'attend, on l'attend... lui et sa férocité légendaire... puis... voilà... il se montre impitoyable et méchant cinq secondes, puis tchao. En vrai, je m'attendais à ce qu'il soit davantage développé avec une présence plus accrue, même si l'on sent bien sa domination (psychologique et ensuite physique !) sur sa bande de malfrats !
Allez, on passe aux protagonistes, ça vous dit ? Pour une fois qu'ils apparaissent en seconde position et biiim (personne ne s'en bat les abricots, on aime cette prise de décision audacieuse, vui vui (elle se prend pour wonder woman ou quoi ? Quand on sait pas voler et qu'on dit n'importe nawash, on laisse sa tête (ceci n'est pas une montgolfière merci) amarrée à son corps et je elle on reste sur terre) (sinon, je vais bien, tout est sous contrôle, c'est gentil de demander ihi)) ! Bref, restons concentrés cinq secondes et stop le tergiversas (où en étais-je ?) ! Si l'on part sur Iliane, lieutenante cheffe des Funestrelles quand Ardan s'évanouit dans la nature, elle apparait comme super badass, déterminée, charismatique et féroce, en soi une leadeuse du tonnerre. Mais à la fin, elle devient aussi vibrante et consistante qu'un fantôme ! Dommage que sa volonté et sa force se fassent la malle... Par contre, 20/20 pour son ton sarcastique ! Mon avis est aussi mitigé pour Grésil et Luèlde qu'on peut considérer comme des anti-héros. Du coup, même si leurs actions (ou parfois absence d'action pour Grésil) et leurs comportements (jalousie toxique pas du tout excessive concernant... notre roi mort-vivant préféré !) laissent à désirer, tout ceci sort du lot ! On peut être déçu par la finalité, mais sur le coup, c'est surprenant car on ne s'y attend pas.
Je vous recommande d'aller lire l'avis de Saiwhisper, en particulier sa partie sur les personnages qu'elle analyse super bien (quand je lis d'aussi belles chroniques, j'me demande pourquoi j'écris, tout est déjà dit avec merveillosité sérieux) ! C'est ici !
Oh lala, quand je pense que j'avais peur de ne pas avoir grand-chose à dire... Remercions avec solennité les blabla pertinents.
Pour revenir à la Rocaille, l'autrice a inventé un monde avec des paysages qui se dessinent sans aucun souci devant nos yeux. Les descriptions sont très visuelles et c'était fort sympa (de loin, car vivre là-dedans, nan merci, je passe mon tour) ! Une sacrée ambiance est créée et on découvre tout ça en même temps que le roi Grésil pénétrant pour la première fois dans les terres de son royaume, voire au-delà notamment grâce au passé de Luèlde (un point captivant car il a clairement vécu plusieurs vies en une, mais je n'en dirai plus)... L'agréable écriture n'y est sans doute pas pour rien surtout avec un riche vocabulaire comme accompagnement, si vous aimez apprendre de nouveaux mots vieillots ? rigolos ?, vous serez comblés !
Je vais de nouveau rouspéter, mais j'ai noté quelques longueurs qui m'ont fait relâcher mon attention... (Exemple en blanc pour pas spoiler : Notamment durant leur longueeee randonnée direction le manoir perdu des magistres...) Ce qui n'a pas été aidé par un manque d'actions (je chipote, c'était plus rare, ok j'avoue, prenez pas la mouche roh), toutefois, des moments importants ont vite été résolus et j'ai trouvé cela dommage ; la fin l'atteste où tout s'enchaine : pas le temps de dire ouf que les colombes roucoulent déjà...
Pour terminer, je garde un souvenir globalement positif de ma lecture, même avec les p'tits couacs relevés. L'intrigue est prenante, un rythme est mis en place entre différents points de vue se succédant et les retours dans le passé ou dans des souvenirs... Puis sont amenées des pistes de réflexion sur la politique, les manières de gouverner, la relation des hommes avec la nature et leur environnement, pas de quoi s'ennuyer !
Une bonne lecture pour un univers intéressant à découvrir !
"Elle ricanait comme d'autres menaçaient de vous découper la tête à l'aide d'une scie rouillée."